Avec mon amie Andrée Anne, c’est toujours tout sauf ennuyant. Elle est du genre à mettre du sel dans sa tarte au citron (fait vécu). Avec elle tout est permis : «sky is the limit». Nous soulignons toujours nos fêtes en effectuant quelque chose d’inaccoutumé. Nulle surprise donc si je vous révèle qu’en mettant tous ces ingrédients ensemble, il a été plus que naturel de demander à Andrée Anne si elle souhaitait, cette fois, voler comme un oiseau (ou grimper comme un singe, ou suer comme un bœuf, ou forcer comme un cheval…) pour célébrer notre vieillissement annuel. C’est avec toute sa ferveur, et sa candeur, qu’elle a dit oui!
Voici donc «The weird team» (notre surnom coquet), à la recherche d’un cours de yoga aérien. À un barbecue cet été, on me parle d’un cours de tissu aérien. Bingo! me dis-je, c’est probablement la même chose. Bon, dans les faits, certainement pas. Mais c’est dans les airs et c’est ce qu’on souhaite. N’étant ni une ni l’autres des adeptes de la patience, nous décidons d’aller de l’avant avec la proposition de cours de Marie-Claude.
En nous rendant vers le Temple de l’envolée aérienne (Pulsion Santé), je confie mon engouement, mais aussi ma crainte de me casser le nez, à ma complice. «Tu sais en fait, c’est plus comme les numéros de cirque notre atelier d’aujourd’hui» «Ah oui? Et bien allons l’essayer ma Val! Si on arrive juste à grimper dans la corde, ce sera déjà ça de gagné!» me lance-t-elle dans un grand éclat de rire. Et que je l’apprécie cette fille… Jamais rien de grave!
Arrivées sur place, nous sommes excitées, énervées, ricaneuses (grosse nouveauté!) et attendons le début de notre cours patiemment (au meilleur de ce que nous sommes capables d’atteindre!). Nous rencontrons notre coach, François, qui est très accueillant. Il sourit et nous invite à nous approcher. Il nous démontre d’abord la solidité des installations. Rassurant. Il utilise le bleu et nous laisse les tissus rouges. MA COULEUR FAVORITE! Assurément, ce coup du hasard nous portera chance, que je me dis (n’importe quoi…) Pour tester la solidité, je tente de me pendre après la prétendue légèreté rouge. Premier constat : c’est pas évident d’avoir une bonne «grip» là-dessus… Dans quelle galère nous ai-je menées?
Selon les dires de l’entraîneur, qui s’exerce depuis une dizaine d’année, la technique pour grimper est fort simple : tortille, appuie, tire. S’il le dit… Je m’exécute : je tortille, je tente d’appuyer, je tente de tirer : je «fouère» adroitement. Bon, et toi Andrew? Même constat. La partie est loin d’être gagnée! Persévérance étant mon deuxième prénom, je re-tortille, je ré-appuie, je re-tire et hop! Me v’là tu pas plus haut dans la corde! Ça y est j’ai chopé le truc! OK, je descends comment? Trop excitée à l’idée de grimper, j’ai omis de demander s’il existait une technique particulière pour redescendre. Deuxième constat : si tu descends trop vite, ça brûle les mains…
François nous encourage beaucoup. Je remonte sur ma liane de Tarzan. Une fois, deux fois, trois fois : mais c’est que je me perche vraiment en hauteur! Quelle vue ils peuvent avoir les oiseaux dans Angry Birds alors qu’on les lance dans le ciel! Trêve de plaisanterie, force est d’admettre que j’ai un troisième constat à faire : j’ai chaud en mausus, j’ai déjà mal aux bras et mon cœur pompe comme un enragé!
J’arrive tout de même à exécuter une première figure que m’enseigne le maître aérien, prenant soin de nous démontrer d’abord les rouages du mouvement au sol. Prenant (trop) vite de l’assurance, je m’élance. J’émets le son habituel attitré à un virtuose, je mets donc beaucoup d’ardeur pour émettre un resplendissant et retentissant TADAM! Mais cette dernière annonce résonne encore alors que je tente une ultime prise, à un seul bras. Vous devinez la suite: sitôt le dernier son prononcé, je m’écrase littéralement au sol, les fesses en bouillie. Je suis étendue de tout mon long et ma chum rigole à gorge déployée! Je réponds à sa tirade en essuyant cette chute du revers de la main et émettant moi aussi un rire sonore, m’exaltant devant ma naïveté d’enfant!
Tortille, plie, pousse avec le pied, fais un nœud, redresse-toi. Euh… de kessé? Andrée Anne a suivi, elle. J’ai beau essayer et réessayer, rien à y faire. Il ne s’agit pourtant que de se faire un solide tortillon dans le tissu pour se lever d’une façon sécuritaire. Je devrais bien pouvoir y arriver! Au dernier essai, celui dans les airs, je réussis! Oui, je l’avoue, j’en suis très fière…
Et puis arrive une autre portion, très différente de par sa demande de canalisation d’énergie. Plus le temps de travailler officiellement le cardio ou les muscles : visons l’équilibre, le resserrement de la sangle abdominale. François manipule finement le tissu. Ses mains bougent et espèrent un résultat quelconque. Mais lequel? Nous finissons par comprendre qu’il a simplement fait un nœud dans le textile. Hummm… «Allez les filles, montez!» Avec un peu d’aide, nous nous exécutons. On enchaîne alors plusieurs positions stimulantes et très élégantes comme le triangle, l’oiseau, le carré, le cocon, le cadre, la chauve-souris, alléluia! Cette portion demande beaucoup de stabilité. Je sais à quoi auront servies les dernières séances d’abdo-roulette! J’avoue en retirer beaucoup de plaisir, j’entends mon équipière rire souvent, j’en fais tout autant. Le temps passe très vite. Arrive tout de même un moment que j’attendais depuis le début : une position renversée. La tête en bas, l’étoffe grande ouverte de chaque côté. Je suis ici pour ça! François semble le comprendre. Peut-être mon expression est-elle si figée dans la béatitude, assez lourdement finalement pour qu’il entende mon bonheur, ma fierté? Vous la lisez aussi, mon extase momentanée sur mon visage?
François nous parle du fait que la position que nous tenons dans le moment est fortement propice au yoga, à la méditation. Non sans un petit rictus de fille-qui-s’en-venait-faire-du-yoga-aérien, je joue le jeu et je ferme les yeux. Je suis bien. Je suis calme, je savoure ma félicité. J’ai toujours aimé les numéros aériens dans les cirques. Je suis en train de jouer cette athlète aérienne… C’est moi, là, enrubannée dans le tissu. Je me délecte de cet instant inédit et intime avec moi-même.
Je n’arrête pas de regarder les photos. Je suis bouche-bée. J’ai fait ça, moi? J’ai été une athlète des airs l’espace d’une heure et quart? Quelle sensation dans mon corps, dans mon cœur. Je suis pourtant ivre de fatigue en rentrant à la maison. À un tel point que mon amoureux, habitué de me voir emballée, excentrique et volubile, me demande si j’ai vraiment apprécié. Oui, encore plus que ce que mon corps est capable de te démontrer dans le moment. C’est juste que je me balance encore au rythme des consignes de l’entraîneur, enveloppée dans ma ouate rouge vif. Regarde dans mes yeux, tu le vois, mon nirvana? Il est à deux pas derrière moi, quelque part entre le 1150 et le 1152 sur le rue Piette, à Joliette!
Notre trio charismatique! … et une magnifique photo de ma « folle » de partner!
19 juillet 2019 at 0 h 22
Trop hot ma belle Val.
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