Aladdin, il en avait un tapis, lui. Il se promenait même partout dessus! Personne ne trouvait ça bizarre ou inapproprié… Dans le conte. L’an dernier je me suis tannée. J’ai décidé de faire une princesse de moi-même et de rouler sur un tapis, à défaut de pouvoir voler dessus…
Je déteste l’hiver. Pour moi, courir l’hiver à l’extérieur, c’était l’horreur. Mais ne possédant pas de tapis roulant, et surtout pensant faire comme les « vrais coureurs« , il était hors de question de m’abaisser à courir sur un tapis. Non mais, tsé!
Refusant de subir le petit maudit frisson d’hiver, je me retrouvais donc à devoir remettre beaucoup d’efforts, le printemps suivant, pour retrouver un tant soit peu l’élan de l’année d’avant… Parce que l’hiver, bin je ne courais plus! Je devenais une « pas coureuse mais coureuse à temps partiel mais à temps plein l’été. Maudits êtres humains qui ont besoin de catégoriser pour comprendre, pour « être ceci » ou « être cela« …
Dilemme ici: suis-je une vraie coureuse si je ne cours pas l’hiver? C’est quoi finalement une vraie coureuse?
Une vraie coureuse, ça court. Point. Bon, alors je suis une coureuse. Voilà enfin un problème de réglé!
Mais cette question de sémantique ne réglait pourtant pas le problème de la course l’hiver.
J’ai fini par me tanner. Donc j’ai acheté un tapis roulant. Au mois de mars. Question de pouvoir apprivoiser la bête du regard pour commencer, et tenter de la dompter juste l’année suivante… Stratégie: acceptation par petits pas.
Puis je suis montée dessus, la bête. Ouais et bien la bête… Elle roule… Oh! C’est presque de la magie (pointe d’ironie)!
N’empêche que la bête, elle est pratique pour les intervalles. Pas besoin de courir avec le iPhone dans les mains. C’est un peu plus précis aussi. Et puis c’est très pratique quand le conjoint travaille de soir, qu’on n’a pas pu sortir pour une course sur l’heure du lunch et surtout qu’on refuse de laisser les petits seuls en soirée.
Outch… Mais que c’est plate courir sur un tapis! Mieux vaut avoir une bonne Playlist à jour. Mais le pire, c’est de ne rien sentir de l’odeur extérieure… Ne ressentir aucune liberté nous traverser le corps… Et puis on accélère et on ralentit tellement mécaniquement. Aucune sensation de lâcher prise. Nonobstant ces petits désagréments, certains avantages ne sont pas négligeables…
J’avais pourtant l’impression, chaque fois que je chevauchais ma monture, de commettre un terrible impair. Les vrais coureurs foulent le sol, qu’il soit givré ou non. Moi, je trompais mon sport avec du caoutchouc. Quelle maladresse… Qui plus est, le froid allait et venait, me donnant la possibilité de courir à l’extérieur, même en plein mois de janvier. Fallait-il donc choisir tout un ou tout l’autre?
Un peu honteuse au départ et donc en catimini, j’ai commencé à m’ouvrir à d’autres coureurs, à lire sur les différentes techniques et méthodes. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant que plusieurs coureurs couraient, eux-aussi parfois, sur un rouleau! Les avantages que je trouvais à l’humiliant objet, d’autres les partageaient aussi.
Ah! Je ne manque donc de respect à personne, je continue de courir même pendant l’hiver et surtout, j’entrevois une saison de course 2016 avec beaucoup plus de légèreté, et franchement moins d’obligations. Comme quoi oser sortir de son trou, comme Phil la marmotte au printemps, poser des questions et arrêter de penser « qu’il faut pour être », peut grandement faciliter l’inclusion. Je ne suis donc plus une usurpatrice, le sport m’acceptant ainsi dans sa grande famille, comme j’avais bien envie d’y entrer. Et qui sait, peut-être que l’hiver 2017 me mènera au bout du petit maudit frisson, au moment de sortir à l’extérieur… Même à -20 degrés et avec petit chien, qui semble fin prête!
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