Être zen, incarner le calme et la paix intérieure… de bien nobles objectifs. Par contre, dans ma vie, dans mon quotidien sur-organisé, ces défis me semblent atteindre la vertigineuse hauteur des séquoias géants, tant ils sont démesurément éloignés de ma réalité, de ma personnalité. J’ai pourtant eu la mère la plus zen du monde. Je devrais bien avoir, à ma portée, au moins une once de béatitude à appliquer au besoin, en agitant négligemment ma baguette magique, et ce dans une panoplie de situations, non? À défaut d’avoir hérité de sa patience, elle m’a tout de même légué un atout non négligeable: sa créativité. Récit et réflexions d’une fille pas zen pour deux sous, mais créative pour mille, qui tente d’atteindre le nirvana et la sérénité, à sa façon.
Je ne possède aucun savoir celtique, aucun secret ne m’a jamais été livré par les perséides, aucun enseignement étrange ou mystérieux n’est jamais venu chatouiller mes oreilles la nuit, dans mes rêves. Je n’ai jamais fréquenté l’Université de la zénitude. Je suis une mère de famille stressée, qui doit. Doit faire le souper, les devoirs et être zen par-dessus le marché! Oui, ce dernier « doit » sait crier fort en silence: il sait qu’il doit, mais ne sait pas comment s’y prendre. Comment oser répondre à ce « doit« ?
De récents événements m’ont amené à reconsidérer certains choix. Je ne parle pas d’alimentation ni d’entraînement, mais bien de réactions et de décisions. Un nouveau « doit » venait de faire irruption dans mon corps et requérait une attention immédiate. Sensibilisée au stress occidental, la masse populaire humaine en connaît de plus en plus sur ses effets néfastes. Mais comment s’occuper de cette autre problématique, comment la hisser en pôle position du Billboard, sans entraver le reste des « doit » articulés autour du quotidien familial?
D’abord la reconnaître.
Un bien petit mot dans l’océan du dictionnaire. Une bien grande réalité chez l’être humain. Reconnaître un état de fait, écouter les signaux subtils, mais bien présents. Mais quoi faire avec ces sirènes silencieuses? Parce qu’il faut bien l’admettre, si elles déferlent leurs sons stridents dans nos têtes, aucune oreille humaine ne sait concrètement percevoir leurs notes.
Donc, élaborer des stratégies correctives. Ma recette peut paraître contradictoire. Mais elle tente bel et bien de réconcilier deux modes de vie relativement opposés, qui vivent en dualité quotidienne dans mon corps: celui de la guerrière puissante et celui de l’intervenante patiente et efficace. La solution qui m’est apparue un certain soir s’est imposée en toute simplicité, comme une évidence née et surtout dépouillée de tout gadget complexe et sophistiqué…
-Si c’est ma tête qui me cause tant de stress, alors c’est elle qui me dictera la marche à suivre pour me mener jusqu’au dénouement, jusqu’à l’Acte final de cette mauvaise production cinématographique. C’est ma tête le problème, c’est ma tête la solution.-
C’est donc ainsi que quand je décide d’arrêter de lorgner du côté sombre, c’est un cataclysme fulgurant qui se déferle dans mes veines. Pour je ne sais quelle raison, l’esprit de l’homme qui marche debout aime bien basculer rapidement du côté chouchou de Darth Vader. Pourtant quand je décide réellement, profondément de ne pas succomber à l’impulsivité ni à l’impatience: surprise! je peux y arriver. Quand ma tête intègre intrinsèquement le principe de la réussite-autrement-que-tel-que-prescrit-par-je-ne-sais-qui (en l’occurrence parfois moi), mon corps en entier répond par le calme. Un point pour moi!
J’aime pourtant la compétition avec moi-même, travailler fort, suer, recommencer et parfois même rager… Mais comment donc concilier le Namaste et le « roar » de l’entêtée? J’ai trouvé deux autres pistes de solution dans deux activités diamétralement opposées, dont une contre laquelle je pestais haut et fort: le yoga.
Quand je « yogate », mon esprit trouve la voie de la lumière. Non pas tant par le calme émanant naturellement de la discipline, mais bien par l’optimisme que mon être en entier dégage. Je deviens plus forte, plus en contrôle, plus stable. Je tiens même sur la tête depuis peu! C’est la chandelle du bonheur… Le yoga représente un certain leitmotiv: compétition avec moi-même associé à une bonne dose de défi! J’atteins la « zénitude » par le dépassement, mais sans m’époumoner à tout rompre, ni m’épivarder à sauter partout. Deux points pour moi!
Étrangement, mon autre solution me vient de la course à pied et de l’entraînement en musculation. Deux activités que j’affectionne particulièrement. Encore une fois, je ne parle pas du bien-être accoutumé associé aux après séances. C’est plutôt la respiration dont il est ici question. Non pas celle du yoga (je ne la comprends toujours pas celle-là!), mais bien celle que je nomme affectueusement la « ziploc »: bien vider tout l’air de mes poumons avant de prendre une autre inspiration. Un truc? Expirer plus longtemps qu’inspirer. Si, au jogging, ce type de respiration me permet de mieux gérer ma cadence, elle me permet aussi de mieux me concentrer et de mieux utiliser chaque muscle lors des entraînements en salle. Pratiquer cette respiration me recentre. Pas le choix: quand je fais ça, je dois prendre le temps de le faire… Trois points pour moi!
Ces solutions sont infaillibles… Trouvez l’impertinence dans la phrase précédente! Elles demandent toutes stabilité, pratique et constance. Gageons que j’ai trouvé mes propres moyens pour atteindre la cohérence cardiaque. En fait, c’est entraîner son cerveau autant que ses muscles. Autrement, à quoi bon sculpter son corps pour se déstresser, si le cerveau reste flasque et grouillant de bestioles saugrenues assoiffées de « stressitude »? Décider, « yogater » et respirer sont donc mes trois meilleurs alliés. Mais surtout, lorsqu’il m’arrive de déroger, j’apprends maintenant doucement à me pardonner…
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