Souliers de course et Talons hauts

Vous saviez que l’eau me fiche vraiment la trouille? C’est à un point tel que même sous la douche, je m’organise toujours pour ne pas en laisser couler sur mon visage. Malgré tout, j’avais décidé qu’en 2017, je ferais du kneeboard! Pourquoi?  Parce que l’achat d’un bateau allait certainement me mener, dans le courant de l’été, à vouloir faire autre chose que la p’tite crevette se dorant la couenne au soleil. Autrement, j’allais mourir d’ennui…

Après avoir apprivoisé les rudiments quant au maniement de la bête, ou comme mon plus jeune surnomme notre bateau, le gros flottant, j’avais décidé que le moment était venu de m’élancer. Aujourd’hui, j’allais conquérir les eaux… ou du moins, la planche de kneeboard.

L’abandon dans le Fleuve

Anxiété fois 1000², je me revois assise sur la plate-forme de baignade, mon conjoint me flattant le dos, les larmes coulant de chaque côté de mes joues, mais fermement décidée à me lancer dans le Fleuve Saint-Laurent, poursuivant mon objectif ultime. Je n’avais que ces quelques mots en bouche : je veux faire du kneeboard.

Toute la famille participe au succès de l’opération qui, à ce moment du défi, n’est absolument pas assurée d’être affublée un tel qualificatif positif. L’homme retourne aux commandes de la nef, le plus vieux est affecté aux photos (artiste dans l’âme, cette tâche lui va comme un gant) et le plus jeune doit faire glisser doucement ma corde de survie dans l’eau; celle par laquelle je serai tractée et que je devrai tenir fermement, pour passer de la position couchée à agenouillée, sur ma planche.

Constatant mon état, Zack hésite à exécuter sa tâche et démontre de sérieux signes d’inquiétude. Trop anxieux quant à ce qui allait suivre, il ne comprenait visiblement pas pourquoi je m’acharnais autant « en mots », alors que mon corps semblait dire totalement l’inverse de ma bouche. C’est alors que, flottant à travers les magnifiques algues et autres détritus étranges du majestueux cours d’eau, je le rassure : je vais bien, je vais y arriver, merci d’être là mon beau, tu contribues à mon succès…

Du plan A au plan C, sans passer par B

L’idée première consistait à simplement me laisser tirer à plat ventre, sur la planche conçue pour accueillir mes genoux. Juste pour sentir la vibe du jouet aquatique. Sommes toutes, cette action s’est avérée être beaucoup trop passive à mon goût.

Je décide donc, sans en informer personne, d’amorcer la manœuvre pour me relever. Oups! J’ai transféré trop de poids : splouch! Contre toutes attentes, il n’y a aucune panique. Vraiment, tout va bien. Je suis tombée dans le calme, en contrôle de tout. Je glisse simplement sur l’eau, je nage jusqu’à ma planche et j’attends, le pouce en l’air, que le bateau me ramène ma corde.

J’entends Alix, le plus vieux : « Maman a un sourire au visage !?! » Ah oui? Je ne m’en rendais même pas compte. Je fais signe au Capitaine : accélère, je m’essaie pour de vrai! Je revois les yeux de mon conjoint à la fois remplis de fierté, mais aussi d’interrogations: veut-elle vraiment faire ça? Les miens lui répondent calmement que oui, il lit bien mes désirs, c’est exactement ce que je veux.

On s’élance!

Doucement, j’effectue les étapes pour m’installer à genou. Je place la courroie pour me retenir sur la planche, je relève la tête et… et… ahhhhh! Je fais du kneeboard!!! J’hurle mon succès à plein poumon sur le fleuve et je remarque que j’ai même… du plaisir?!? Est-ce vraiment possible? Mon retour sur le bateau est accueilli par de nombreuses accolades et de vigoureux hi-five de la part des 3 hommes à bord. J’ai réussi…!

Cette histoire me fait prendre conscience qu’au rythme de chaque entraînement, je travaille différentes capacités physiques. Ces apprentissages faits dans un tout autre contexte, me sont utiles pour relever d’autres défis. C’est donc grâce à ces efforts fournis que, tout en douceur, je « liquéfie » tranquillement ma grande peur de l’eau. Une bataille de plus de remportée, dans cette grande guerre qui est la mienne.

Valérie-Énergie!